Coup De Coeur

Sainte-Nitouche

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(n°1354)

Coup De Coeur

Joseph Bishara

Mon coup de coeur du moment va au titre She Burns (Prologue 1845) qui initie la BO de The Unholy et dépeint habilement l’état d’esprit du personnage principal : une sainte. Une sainte ?

Déçue et déchue

« Les apparences peuvent être trompeuses » c’est sans doute l’adage qui résume le mieux le film The Unholy où une sainte semble faire des miracles dans une petite ville de Nouvelle-Angleterre à grands coups de guérisons spectaculaires. Mais un doute subsiste sur les bonnes intentions de cette force surnaturelle et il est matérialisé par She Burns qui inaugure la BO et couvre l’introduction du long-métrage où une femme est mise au bûcher près de 175 ans plus tôt dans la même localité, car ce morceau joue sur 2 tableaux, les codes musicaux du céleste et de l’horreur. Version détournée et assombrie de l’Ave Maria de Mozart, il commence avec une voix féminine qui énonce un provocant « Ave Satanas », d’un timbre si pur… Le ton est donné, il n’est pas ferme mais double, car alors que la soprano répète inlassablement son blasphème poussant même vers des hauteurs divines (1:01), le baryton ne cesse d’exhaler gravement son accompagnement, sans aucune délicatesse, basse vocale déshumanisée assez typique des musiques de films d’Horreur. Mais c’est principalement cette voix féminine, omniprésente dans le reste BO, qui représente physiquement cette femme durement condamnée et devenue cette entité apparemment divine, quant l’aspect montant et chancelant du motif mélodique, la pureté de sa voix et l’impureté de ses paroles laissent surtout sous-entendre une foi désormais égarée.

Ses désirs sont désordre

L’autre qualité de la BO est un … défaut… qui prouvent qu’en Musique de Film tout dépend du contexte. En effet, à mesure que les secondes passent, la composition de Joseph Bishara devient de plus en plus bordélique, les voix se superposent sans aucune logique rythmique, de manière intempestive, d’autant qu’elles sont toutes placées au premier plan. Mais ce n’est pas tout, d’autres instruments comme le violoncelle, le piano et l’alto viennent aussi entrer en concurrence, des arrangements qui n’arrangent pas la partition surtout avec de frémissant trémolos, parfaits pour ajouter à la confusion ambiante. L’écriture en général verse allègrement dans le recouvrement de fréquence, soit plusieurs instruments jouant à la même hauteur, méthode brouillonne normalement déconseillée puisque constituant la hantise des ingé-son mais qui trouve ici tout son sens dans une intrigue où la tranquillité de cette petite ville de Banfield risque fort d’être troublée très bientôt, car le Mal ne fait jamais le Bien gratuitement…

L’écriture « The Unholy » formant un trident diabolique, les doigts anormalement longs de la statue, la croix inversée (symbole sataniste) qu’elle tient avec dévotion dans sa main tel un chapelet ; la pochette symbolique de la BO ainsi que d’autres images de promotion du film jouent savamment la carte de l’hypocrisie avec de subtiles détails qui contredisent l’impression générale. Entre clarté, noirceur et désordre, la musique de Bishara va dans le même sens, insinuant qu’il vaudrait mieux éviter de donner à cette « sainte » le bon Dieu sans confession…

Didier Bianay

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