Coup De Coeur

Pourtant pas si riche…

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(n°1474)

Coup de Coeur

Michael Giacchino

Musique thème du film The Batman, Can’t Fight The City Haloween est représentative du concept de Giacchino sur l’ensemble du score à savoir l’écriture minimaliste. Mais loin d’être une histoire de flemme c’est un style qui a ses codes pour ne pas sonner creux, et le compositeur en utilise 5.

L’empilement

La première technique, que l’on peut retrouver par exemple dans la musique électro instrumentale, consiste à ajouter des éléments au fur et à mesure. Du début à 1:22, aux pulsations des cordes, à la clarinette basse, à la contrebasse et aux coups de boutoir menaçant des trombones et cors s’ajoutent subtilement des trompettes jouant un motif de 2 notes montantes, avant que des violons en rajoutent un autre comportant 2 notes descendantes de manières assez sinistre dans les suraigus. Et pour donner du coffre à ce matériel le compositeur veille à ce que ce peu d’instruments ne jouent pas les mêmes notes d’un accord mais que chacun apporte sa dissonance, on se retrouve alors avec 2 accords assez élaborés et qui inspirent une ambiance peu rassurante. Cette technique de l’empilement est reprise de 2:19 à 2:45 en initiant le thème du super-héros.

Le dialogue

Bien sûr l’empilement a ses limites, et Giacchino est réputé pour avoir plus d’un tour dans son sac. Alors à partir d’1:22 il pratique une rupture et relance son morceau avec quelques nouvelles idées et un agencement de partition radicalement différent mais toujours aussi minimaliste : le dialogue. Sur de légers rythmes avec des percussions métalliques, principalement un hi hat, il reprend toujours les mêmes cuivres graves et cordes et les fait évoluer cette fois-ci en alternance, les descentes de cordes répondant aux grondements de cuivres menaçants. Ces derniers sont ensuite ignorés des cordes qui ne leur répondent plus, c’est dès lors le moment où les timbales comblent le vide en se faisant de plus en plus grossières, procurant une montée en tension qui amène au clou du spectacle, l’arrivée du motif principal de Batman (2:19).

La montée en intensité

Justement la montée en intensité ou crescendo et est aussi une manière de faire patienter son auditeur sans l’ennuyer bien que dans le fond les arrangements sont répétitifs. De 2:45 à 3:21 on a sensiblement les mêmes ingrédient, un motif descendant aux cordes assez sinistre et toujours ces mêmes coups de cors et trombones. Mais au fur et à mesure l’interprétation des cordes se fait de plus en plus affirmée, de plus en plus paniquée, quant les cuivres graves se font de plus en plus rageurs.

L’unisson et le solo

L’unisson est plus du minimalisme en terme d’arrangement, seule la mélodie est présente, l’accompagnement est inexistant mais la dite mélodie peut être jouée par un grand nombre d’instruments, une autre manière de meubler avec un matériel d’idée peu conséquent. Sur le final (3:21 à la fin) le thème de Batman est repris par les cuivres graves qui passent d’un rôle de soutien  un rôle mélodiste et primordial, ce simple motif se retrouvant sous une forme développée harmoniquement comme 2 accords qui s’enchaînent ; ce n’est pas tout à fait un unisson mais presque, tant les trombones, les cors, les timbales et les trompettes écrasent le segment des cordes. On finit ensuite sur un presque solo où le pianiste rejoue le thème avec seulement 2 notes, l’accompagnement au vibraphone étant très lointain. C’est aussi par ce procédé que le thème s’impriment plus facilement dans la mémoire de l’auditeur.

J’ai pour habitude de dire que minimalisme n’est pas synonyme de minimum de talent, ni de partition creuse. Habitué des partitions assez gargantuesques, Giacchino a un peu surpris son monde avec une écriture si minimaliste pour un si gros blockbuster, une oeuvre de plus de 4 minutes qui entretient l’intérêt malgré un matériel d’arrangements assez modeste. Mais le secret de Can’t Fight The City Halloween réside plus dans la diversité des techniques minimalistes, leur maitrise et le maintien d’une ambiance sinistre avec des conceptions harmoniques très dissonantes et loin d’être simples…

Didier Bianay (Mr Reyd)

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