Coup De Coeur

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(n°1575)

Coup De Coeur

De gauche à droite (Pat Boy, Yaalen K’uj, All Mayan Winik et Ludwig Göransson)

Dans l’album de Black Panther 2 un morceau détonne particulièrement, il s’agit de Laayli’ kuxa’ano’one, contribution inspirée de l’histoire de Namor, que l’on doit à Pat Boy, Yaalen K’uj, All Mayan Winik et Ludwig Göransson. Si son titre est difficilement prononçable, son orientation musicale est par contre assez lisible. Analyse :

Tradition…

Göransson était allé chercher moult instruments africains pour la BO de Black Panther avant de décrocher l’oscar de la meilleure BO en 2019. Alors il a forcément gardé la même recette pour le projet musical du 2ème volet, faisant intervenir des instruments et percus mésoaméricains, ici ce sont plus précisément des flûtes d’argile que l’on entend dont l’une s’avère quelque peu caractérielle… L’autre point plus évident est que Pat Boy, Yaalen K’uj et All Mayan Winik ont interprété ce titre en maya, portant la subtilité de cette langue au monde entier grâce au succès du film et de sa BO ; un accomplissement au-delà des rêves les plus fous pour ces 3 rappeurs très peu connus qui ont toujours souhaité perpétrer à travers leur art le souvenir de cette langue menacée de disparition. Bien que le royaume sous-marin de Talokan soit aussi associé avec d’autres chansons en espagnol comme Con La Brisa ou encore Árboles Bajo El Mar, c’est sans doute Laayli’ kuxa’ano’one qui le reflète le mieux car elle invoque le noyau culturel.

… et modernité

Mais à l’image du Wakanda, Talokan n’est pas en reste en terme de modernité. C’est la raison de la présence de ce beat hip-hop à la mode et assez percutant qui remplace les percussions mésoaméricaines que l’on entent sur la piste Yucatan (voir BO) dont ont été tirés les samples de Laayli’ kuxa’ano’one. Ce qui frappe aussi c’est le choix harmonique très sophistiqué que propose Göransson sonnant même futuriste tant les accords sont aériens et leur enchainements point contemporains, le tout exécuté avec un synthé réverbérant limpide. De son côté, le synthbass se contente d’une ligne d’accompagnement plus basique et brille plutôt par sa lourdeur affirmée et sa teinte très saturée, sale, un élément ajoutant du caractère au morceau et laissant sous-entendre que le royaume de Talokan a du mordant…

C’était un pari osé pour Disney, le collectif Maya, et Ludwig Göransson que de proposer un titre hip-hop dans une langue aussi rare, mais il sonne aussi comme une obligation tant Talokan s’inspire des peuples du Yucatán et de ce qu’ils auraient pu devenir s’ils avaient évolué jusqu’à aujourd’hui, en tout épanouissement (hors de l’eau bien sûr…). Cela rejoint aussi l’esprit de la saga Black Panther et de sa musique : le désir de plonger au plus profond d’une culture exotique pour mieux l’honorer et la réinventer.

Didier Bianay (Mr Reyd)

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