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Amine Bouhafa, des chiffres et des notes

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(n°1668)

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Amine Bouhafa

Le Cinéma français et maghrébin peu compter sur lui, lui qui a cessé de compter les projets cinématographiques auxquels il a pris part. Pourtant Amine Bouhafa semblait prendre une direction bien différente car s’il a eu une solide formation dans son enfance au conservatoire de Tunis où il obtint le diplôme de musique arabe, il a marqué son adolescence par un cursus très cartésien puisqu’il a décroché un bac en mathématiques, a effectué une prépa maths sup-maths spé, a intégré l’Institut national des télécommunications, est devenu ingénieur avant de partir aux USA pour un MBA. La voie semblait toute tracée pour que Bouhafa ait un « vrai métier ». Pourtant il ne s’est jamais départi de son attachement au film scoring, composant pour des courts métrages tunisiens ( Les Poupées De Sucre, Coming Soon, Silence) à cette époque.

Passion ou raison ? En fin de compte tout va s’accélérer pour lui à l’aube de la trentaine avec le film Timbuktu et la reconnaissance de son travail musical qui se traduit par un César de la meilleure BO et une nomination aux WSA en 2015. A partir de là son choix est fait, il sera un artiste et la suite lui donne raison puisqu’il a composé pour près de 70 programmes depuis 2014, avec une cadence impressionnante de près de 9 programmes par an depuis 2018 et un pic à 12 en 2022. On citera dans sa filmographie quelques oeuvres qui ont pas mal attiré l’attention comme Oka (2015), L’Amour Halal (2015), Vuta N’Kuvute (2021), 4 épisodes de la série Les Aventures De Paddington (2019-2021) ou encore Gagarine (2020). Le dernier programme cité l’a vu collaborer avec les frères Galperine sur une BO qui a notamment été nominée aux Lumières en 2022 quant Amine Bouhafa défendait aussi une autre BO, composée seul fois-ci, celle du film d’animation Le Sommet Des Dieux. On n’oublie pas non plus la bande-son de la dramédie portugaise Alma Viva où il a proposé une instrumentation assez recherchée comportant notamment une cornemuse portugaise, une guitare portugaise ou encore un glass harmonica ; une BO à la sonorité originale et affirmé restant mesurée dans son expressivité, Bouahafa et la réalisatrice Cristèle Alves Meira ayant avoué à Cinézik qu’ils ont principalement cherché à garder le mystère sur les supposés dons surnaturels que la petite Salomé aurait reçu de sa défunte grand-mère, accusée de sorcellerie. En rapport avec ce subtil score le franco-tunisien enregistre pour l’instant 2 nominations aux CinEuphoria et aux Sophia et un prix au Mediterrane Film Festival. Sur l’ensemble de sa carrière on compte en tout 4 récompenses et 8 nominations chez celui qui fait partie des figures de la nouvelle génération de compositeurs du Cinéma français.

Véritable mordu de la Musique de Film, Amine Bouhafa mène une carrière réfléchie, privilégiant le cinéma engagé, menant souvent des réflexions profondes sur sa musique, sortant de sa zone de confort pour expérimenter des influences variées, et en partageant ses expériences lors d’interviews assez enthousiasmantes. Actuellement, on peut l’entendre sur le biopic consacré au controversé homme d’affaire français Bernard Tapie, intitulé Tapie, dont la BO est sortie hier. Enfin il est attendu sur le drame Ni Chaînes Ni Maîtres et le film d’animation Carmen.

Didier Bianay (Mr Reyd)

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